BNP : 1 milliard pour 4000 traders, 60 millions pour 40000 salariés

BNP : 1 milliard pour 4000 traders, 60 millions pour 40000 salariés



1 milliard d'euros pour les traders, 1% d'augmentation pour les salariés, soit 60 millions d'euros, primes comprises. C'est la recette aigre-douce concoctée par BNP-Paribas pour l'année 2010.



BNP-Paribas - primes aux traders

En 2009, BNP-Paribas a réalisé un bénéfice net de 5,8 milliards d'euros (+93% par rapport à 2008).

Et pour remercier ses actionnaires de leur inébranlable fidélité, la banque distribuera un tiers de ce résultat sous forme de dividendes, soit 1,50 euro par action (+50% par rapport à 2008). Curieusement, personne - ou presque - ne précise que ces bons chiffres sont principalement dûs à sa division spéculative BFI, dont les résultats ont triplé, à plus de 12 milliards d'euros. En clair, le groupe a amassé son pactole en spéculant sur les marchés. Le capitalisme enfin moralisé...

on a failli attendre !


1 milliard de bonus pour les traders, 1% pour les salariés

Quoi de plus normal, dans ces conditions, que de regonfler le moral de ses traders (ravagé par la crise) à grand coup de pompe à phynance ? 500 millions de bonus en cash, sous forme de versement immédiat, et autant d'ici l'année prochaine, si le résultat de leur spéculation se confirme. Ce qui ne manquera pas d'arriver puisque Baudouin Prot, Directeur Général de BNP-Paribas, a d'ores et déjà annoncé n'avoir "aucunement les moyens de suivre sur trois ans les opérations individuelles d'un trader. C'est économiquement et comptablement totalement impossible".

Curieux, pour quelqu'un qui s'y est pourtant solennellement engagé devant le chef de l'Etat.


Résultat : un milliard d'euros de bonus... pour 4000 traders.

l'autre côté, les 40 000 (ou 45 000 selon les sources) salariés restants de la banque se contenteront d'1% d'augmentation... une faveur évaluée à 15 millions d'euros.

Ce à quoi il faut royalement ajouter une prime exceptionnelle de 1200 euros, estimée à 47 millions d'euros par les syndicats.


60 millions (d'augmentations et de primes) pour 40 000 salariés...

soit environ le montant payé aux 10 plus hauts salaires de la banque en 2008 (et la moitié de celui versé en 2006 et 2007).

Mélangez cela aux 29 millions d'actualisation des retraites chapeau de quelques dirigeants méritants, ajoutez-y les 5,6 millions d'euros de stock-options levés par le président et le DG de l'établissement, et saupoudrez finalement d'une petite pincée de primes aux dirigeants pour l'acquisition de Fortis...

vous obtiendrez une recette pimentée à souhait !

Servir chaud bouillant, accompagné d'un magnum de vaseline bien frais...


La BNP, "bon élève"...


Pas avare de petites blagues, durant les négociations avec les syndicats, la direction s'est targuée d'avoir fait un effort monumental en émettant ces propositions "très significatives et très exceptionnelles".

On pouffe. Et l'impayable Christine Lagarde d'en rajouter une louche, après l'annonce des résultats de la banque : "La BNP est bon élève et j'espère que l'ensemble des banques françaises vont suivre le même exemple pour qu'il y ait un peu de rigueur"...


Et les clients ? Ils se contenteront de pleurer sur leurs relevés de frais bancaires, qui gonflent un peu plus tous les ans.


(Article publié sur le site "
Les mots ont un sens")

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